C’est avec lenteur que tu fais la vaisselle, seul dans la cuisine de cette maison désormais vide à cette heure-ci. C’est ton dernier jour de repos avant de reprendre de plus belle une période chargée avec ton emploi du temps bien rempli. Vivre en tant qu’idole n’est pas de tout repos, certes, mais quand c’est une passion qu’on a dans le sang depuis tout petit, on n’y pense plus. On ne pense qu’à ce que ça peut nous apporter. Toi, ça t’apporte un certain bonheur, un équilibre, bien qu’il faudrait encore régler quelques petits problèmes d’ordres personnels. Tu réponds vaguement aux messages du groupe, encore moins à ceux de Jihan. Bien que tu aies du mal à rester loin de lui. La discussion avec Jihyuk, aka ton rival pas si horrible que ça, t’a aidé à faire un point. Sur ta vie personnelle. Enfin, il t’a surtout permis de te libérer de tout ce poids sur tes épaules. Des craintes que tu as, de ce traumatisme qui te suit encore et toujours, pour lequel tu ne trouves aucun moyen de l’effacer. Un soupir s’échappe du bord de tes lèvres, tandis que tu déposes la dernière assiette sur l’évier, pour la laisser sécher avec les autres. Faire soi-même la vaisselle au lieu d’utiliser la machine : première méthode pour arriver à te calmer. Tu étires doucement tes bras, laissant ta chemise glisser le long, puis passe une main pour frotter frénétiquement tes clavicules dénudées. T-shirt décolleté qui met en valeur ton corps. Corps que tu as aussi pu entretenir grâce à l’un de tes partenaires, Yunho. Le maknae fou de musculation. Il a accepté de faire quelques séances avec toi pour te montrer les bases, et te donner le plus de conseils possibles. Complexé par ton corps de faible, tu voulais au moins récupérer de la force et quelques muscles au passage. Pas de trop évidemment, pour garder une certaine féminité qui te va si bien. Assez pour plaire. Plaire à une certaine personne que tu dois reconquérir. Tu hésites à lui envoyer un petit sms.

Et c’est des éclats de voix dans ta rue qui te fait tressauter. Yeux qui se relèvent lentement, comme pour analyser ce qu’il se passe sans avoir la scène en face. Tu mets quelques secondes pour te rendre compte qu’il y a l’air d’avoir une embrouille. Avec discrétion, tu te rapproches de la fenêtre du salon et lance un coup d’œil curieux. Là, ton sang ne fait qu’un tour. Oui tu vois bien deux hommes face à face, prêt à se mesurer l’un à l’autre. Mais tu reconnais bien une silhouette. La prunelle de tes yeux. Ni une ni deux, tu te retrouves dehors, sans même t’en être rendu compte. Tu entends bien les insultes prononcées vers Jihan. Tu serres alors les dents, comme pour te contrôler. Mais quand tu vois ce type attraper Jihan par le col, tu ne vois qu’une seule solution : le protéger. Sans crier gare, tu viens donc t’interposer, les yeux rivés sur ton adversaire du jour. Sous le coup de la précipitation, tu n’as pas pensé à mettre de masque pour cacher ton identité. Tant pis. Tu ne cherches pas. « Casse-toi de là. Et ne me le fais pas répéter. » Tu fronces des sourcils, le regard plus froid que d’habitude. Cette colère, ces pulsions qui habitent en toi ne font que se mélanger. Prêtes à exploser d’un instant à l’autre. « Sinon quoi ? Le maknae va me faire la peau ? Oh, tu penses que j’ai peur ? Une mauviette comme toi ne vaut rien. » Il marque une pause, mais reprend rapidement avec un sourire mesquin, tout en regardant ton hyung. « Même pas capable de te défendre tout seul… pire qu’une mauviette, tu es une péd- » Un coup part. Tu n’as pas pu résister à l’envie de foutre ton poing dans sa tronche de macaque. Il recule de quelques pas, sous le choc, et te lance un regard qui est censé te foudroyer sur place. Tu ne flanches pas. « Ose encore une fois insulter Jihan et ta mère ne te reconnaîtra plus quand tu rentreras chez toi ce soir ! »

Cette menace ne semble pas l’effrayer évidemment. Il se jette alors sur toi, et les coups partent des deux côtés. Sous le regard des passants, certains filment au lieu de vous séparer. Qu’importe, tu finis par prendre le dessus, et tu te défoule assez, du moins jusqu’à ce que tu te sentes tirer vers l’arrière par deux bras que tu connais bien. Jihan. Une chaleur, une présence qui t’apaise, presque immédiatement. La colère dans tes yeux s’estompe petit à petit, alors que tu regardes ton rival se faire aider par l’un de ses amis qui avaient l’air de se trouver non loin de là. Oui tu l’as bien amoché. Et tu vas sûrement devoir en subir les conséquences. Mais tu ne pouvais pas ne rien faire, et assister à une scène qui ne t’aurait pas plu du tout. Il te faut une petite minute pour te reprendre un tant soit peu. Tu attrapes ensuite la main de ton aimé, et l’attire rapidement dans ta maison, limite en courant pour échapper à cette mini foule d’une dizaine de personnes qui s’est amassé. Heureusement pour toi, tu habites dans un coin peu peuplé. Tu fermes la porte derrière vous, et souffle un coup, la tension redescendant d’un grand cran. L’adrénaline s’évanouit aussi, et tu sens alors quelques douleurs au niveau de ton visage. Ton nez a pris cher, tu le sais en passant un doigt sur le coin pour essuyer une petite goutte de sang. Sans parler de l’une de tes arcades sourcilières qui elle a décidé de pisser le sang. Pourtant, les premiers mots qui sortent de ta bouche sont : « Tu vas bien ? » que tu demande au plus âgé, le détaillant du regard. Tu ne sais d’ailleurs pas pourquoi il se trouve ici. Tu n’as pourtant pas prévu de le retrouver, et ta maison se trouve à l’autre côté de votre dortoir. « Tu… Qu’est-ce que tu fais ici ? » Tu n’ose pas le regarder en face, yeux dans les yeux. Ton regard se pose donc sur sa bouche tentatrice. Et tu attends. Tu attends une réponse, bien qu’au plus profond de toi, tu es soulagé de le voir ici. Ça t’évitera de lui envoyer un message.

Et tu repassais la scène encore et encore, tu le revois, son regard, ses gestes. Tu repasses la scène sans cesse rêvant d’avoir pu avoir les mots justes, les mots corrects,
Ceux qui l’auraient fait rester.
Peut-être que si tu avais fait les choses différemment alors vous n’en seriez pas là aujourd’hui. Et tu t’en veux, tu t’en veux tellement. Est-ce que c’était fini ? Pour de bon. Peut-être que c’était pour le mieux ? que ce soit fini, maintenant, avant que votre histoire ne soit encore plus compliquée. C’était sans doute mieux que votre relation se termine en silence, sans que personne ne sache vraiment ce qui vous liait.
Foutaises, bien sûr que non.
Et tu pouvais bien tenter de te convaincre du contraire, ce n’était en aucun cas vrai et tu pensais à lui tout le temps, comme un idiot, parce que tu ne voulais pas le chasser de tes pensées. S’il avait réussi à partir aussi facilement, toi tu ne voulais pas, tu refusais de devoir en faire de même.

Est-ce qu’il avait abandonné Soyoun ?
Les jours qui passent, les semaines, le silence, l’absence.
Il parlait d’une pause et elle s’éternise, tu voulais encore y croire, mais il n’avait pas l’air d’avoir changé d’avis.

Tu avais tenté de l’avoir au téléphone, rien, en sms, très expéditif. Les autres l’avaient sans doute remarqué, que vous n’étiez pas aussi complices qu’avant, qu’il y avait une tension que les sourires et les blagues du groupe ne parvenaient pas à couvrir quand il s’agissait de vous deux. Et tu étais tiraillé entre ton rôle de leader et celui de petit-ami, pris entre deux feux, incapable de choisir correctement ou d’allier simplement. Soyoun voulait quelque chose que tu ne pouvais pas lui offrir,
Il méritait mieux,
Il méritait tellement mieux.
Alors qu’est-ce que tu faisais là, dans la rue pas loin de chez lui. Il n’était toujours pas rentré à l’appartement, et tes pas t’avaient comme guidé jusqu’à chez lui. Tu ne savais pas si tu lui parlerais, si tu sonnerais, ou si tu passerais juste devant avant de t’en aller. Bien sûr que tu voulais le voir, mais tu étais convaincu que tout ça aggraverait les choses. Lui il n’en avait pas envie, tu devrais sans doute respecter son choix.

Tu soupires sous ton masque, tu tournes en rond dans ta tête.
Et il y a une voix qui t’interpelle, enfin tu crois, tu ne réponds pas. Et elle recommence, tu lèves les yeux vers l’inconnu qui semble s’adresser à toi. Tu crois qu’il a bu, il a l’air un peu absent, il parle vite et tu ne comprends pas tellement où il veut en venir. « Tu serais pas le chanteur qu’on voit dans des pubs en ce moment ? Breaker machin. » Tu fronces les sourcils, il sentait les problèmes à 2km, alors tu décides de continuer à l’ignorer. Tu baisses un peu ta casquette, tu dis que non, qu’il devait se tromper, sans croiser son regard avant de tenter de continuer ta route. Mais il insiste, « Si, si c’est toi ! » Et ça t’énerve, qu’est-ce-qu’il voulait ? Il n’avait pas l’air d’un fan, il avait plutôt l’air d’être en colère contre toute l’industrie. Il t’attrape le bras et tu recules par réflexe, te détache et l’ignore encore une fois, avançant sans prêter attention à ses insultes déjà. Il y avait du monde dehors, ce n’était vraiment pas le moment de se faire remarquer par qui que ce soit et tu étais assez intelligent pour ne pas tomber dans son piège.
Sauf qu’il revient à la charge encore une fois, attrape ton col, et alors que ton instinct allait répliquer, il est là,

Soyoun.

Tu ne comprends pas tout de suite, il est juste là, à s’interposer. Et c’est la surprise de le voir après tout ce temps qui t’immobilise, la bouche entrouverte en dessous de ton masque. Lorsqu’il donne un premier coup à l’étranger, tu te réveilles soudainement, et les coups s’enchaînent. « Eh !! So–  » Tu ne finis pas, tu regardes autours de toi les passants qui s’amassent, curieux, et tu remarques enfin que le maknae n’avait pas de masque.
Tu ne pouvais pas rêver pire comme situation.

Tu tires ton amant vers toi, séparant les deux hommes, et un autre arrive aussi, une connaissance de l’inconnu sans doute. Tu cherches le regard de Soyoun, inspectant son visage, mais tu sais aussi que vous n’avez pas le temps pour ça. Alors lorsqu’il prend ta main et que vous vous en allez, tu le suis jusqu’à chez lui.

« C’est pas le plus important. » Tu réponds directement, les mains sur son visage pour le regarder en détail. « Qu’est-ce qui t’a pris ? Soyoun, mais ça va pas ? » Tu fronces les sourcils, en colère contre le monde entier. « Regarde ton visage, bébé… » Tu souffles grimaçant à ses plaies visibles. Et tu ne remarques même pas le surnom que tu lui offrais toujours. « T’as mal ? Il faut qu’on s’en occupe d’abord. » Et tu t’empresses de vouloir lui apporter les premiers soins. « Il a de la chance qu’il y avait du monde… » Tu marmonnes, et tu passes tes doigts sur les lèvres, sur la joue. « Je m’occupe de toi. » Comme tu aimais le faire,
Parce qu’il était la personne que tu aimais.
« Tu l’as fait pour moi ? » Tu oses demander, « T’aurais pas dû intervenir, t’avais pas besoin de faire ça… »

Tu n'as jamais été aussi en colère, aussi enragé de ta vie. La situation actuelle ne t'a pas aidé à garder ton calme non plus. Voir Jihan se faire agresser devant tes yeux ? Non. Tu ne pouvais pas le supporter. Tu te devais de le protéger, pour une fois. Et c'est ce que tu as fait en t'interposant entre lui et son adversaire. Tu n'as pas pris de précaution avant de te précipiter, et c'est ainsi que tu n'as pas moyen de passer inaperçu. Ton masque est absent de sur ton visage, de quoi choquer quelques passants qui te connaissent bien et qui en profitent pour filmer et prendre quelques photos souvenirs de cet accrochage. Le visage en sang, tu finis pourtant par être attirer vers l'arrière. Jihan est venu t'aider. Un autre type aussi. De quoi vous laisser le temps de vous en aller chacun de votre côté avant que ça ne dégénère. Bien que... Tu aurais bien voulu lui refaire son portrait, bien plus en détails, pour avoir oser toucher à ton petit-ami. Une fois à l'intérieur de ta maison, tu souffles un coup et observe ton hyung. Tu lui demandes si ça va, mais il ne répond pas. Il vient même poser ses mains sur ton visage, te faisant légèrement frissonner. Tu t'apaise peu à peu, et tes yeux perdent cette lueur froide qu'ils ont pris tout à l'heure. « Je ne pouvais pas le laisser te faire du mal. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. » Tu remarques immédiatement le surnom qu'il utilise, surnom habituel qui te fait chaud au cœur. Le silence s'installe, durant quelques secondes, avant que tu ne puisses lui répondre. « Non, ça va. Ça ne fait pas mal... » mens-tu. Oui ça te fait mal. Mais pas autant que la douleur que tu as eu depuis ces derniers jours. Depuis ta décision de faire une pause dans votre couple. Ce n'est rien. Tu ne peux pas te plaindre. Et puis... Tu l'a cherché.

Un petit mouvement de recul te prend quand il touche tes plaies, et tu t'avances un peu mieux dans le salon, le temps qu'il aille chercher de quoi te soigner. Tu ne peux pas refuser son aide. Tu ne vas pas rester ainsi. Ton frère risque de te passer un savon... Et tu n'oses pas imaginer tes parents non plus. Ils ne t'ont pas élever comme ça. A être violent et impulsif de la sorte. Preuve que tu n'es plus le Kim qu'ils connaissaient. Assis sur le bras du canapé, tête baissée, tu essaies de te reprendre un peu. Avant d'entendre la voix de Jihan qui brise ce silence. Une question qu'il pose. Une évidence. « Bien sûr que je l'ai fais pour toi. Je t'aime. Je t'aime, Ji. » dis-tu doucement en le regardant dans les yeux, regard rempli de sincérité. Et tandis qu'il s'occupe de tes blessures, faisant tout pour ne pas gémir sous la douleur, tu l'observes avec attention. Ça fait bien longtemps que tu n'as pas eu une conversation sans tension avec lui. Peut-être parce que tu as pu faire le point. Et comprendre que tu as mis bien du temps à tomber sur une seule réponse : Jihan pour toujours. Une fois les soins finis, tu viens attraper délicatement l'une de ses mains. Doigts s'entrelaçant avec les siens, vague sourire triste qui étire tes lèvres. « Je suis désolé. De t'avoir fait attendre. De t'avoir fait attendre autant. » Tu imagines bien que ça n'a pas du être facile pour lui. Et cette situation n'a pas aider non plus à passer de bons moments de détente avec le groupe. Malgré le fait que tu pouvais choisir de ne pas rester avec eux, tu t'es forcé au bout d'un moment pour ne pas éveiller les soupçons. Chose qui n'a pas marché forcément. Jihan et toi étiez moins complices qu'avant. Il fallait être aveugle pour ne pas l'avoir vu. « J'ai pu réfléchir. Pour nous deux. Et... Je ne peux pas. Je ne peux pas vivre sans toi... Même si c'est dur... Dur de vivre dans le secret. Je continuerais de prendre sur moi. Et j'essaierai de rattraper mes erreurs. » Tu te retiens de te mordre la lèvre, et ne fait donc que triturer les doigts de ton aimé. « Enfin... Si tu veux encore de moi évidemment. » Il se pourrait qu'il soit encore en colère contre toi. Et il a toutes les raisons du monde. Même si le fait que l'avoir trouvé en train de se balader dehors proche de chez toi te fait espérer le contraire. Une nouvelle fois, tu baisses les yeux. Tu pourrais te mettre à pleurer, mais le Soyoun pleurnichard n'existe plus. Tu n'as plus de larmes dans ton corps. Et tu préfères être ainsi. Ne plus devoir montrer ses émotions est bien plus facile à vivre.  

Il y avait beaucoup de sentiments qui te submergeaient, la colère, l’incompréhension, la tristesse, la joie. Tu étais heureux de retrouver Soyoun après tout ce temps où tu n’avais pu que penser à lui sans pouvoir espérer avoir une réponse, tu étais en colère contre l’inconnu de tout à l’heure et toutes ces personnes qui vous regardaient aussi sans rien faire. Tu ne comprenais pas ce qui avait poussé Soyoun à te défendre non plus, se battre, risquer de s’impliquer lui, mais aussi d’impliquer le groupe et l’agence dans une bagarre que tu aurais sans doute laisser couler face à un idiot de la sorte. Et la tristesse aussi, celle de ne pas trouver les bons mots pour lui dire tout ce que tu ressens, pour lui expliquer à quel point il t’avait manqué, que tu l’aimais et que tu voulais le retrouver.

Mais le plus important c’était lui, qu’il aille bien, qu’il n’ait pas mal. Le reste ne comptait pas. Et sa réponse réchauffe ta poitrine, mais là encore tu n’as pas les mots. Alors tu vas chercher de quoi soigner ses blessures, même s’il te dit qu’il n’a pas mal, tu sais reconnaître quand il ment, ou du moins quand il ne te dit pas totalement la vérité. Bien évidemment que ça faisait mal. Et tu réfléchis à ce que tu pouvais lui dire, à ce que tu avais le droit de lui dire. Il avait voulu faire une pause, il voulait rester loin de toi quelque temps, tu devais respecter son choix, sa décision. Mais pourtant tu restes accroché à l’espoir qu’il t’offre, la preuve d’amour qui l’a mis dans cet état.

Alors tu demandes. Est-ce qu’il l’avait fait pour toi ? Et tu campes à ses lèvres, à sa réponse, tu le regardes et plus rien n’existe que vous deux à cet instant. Tu l’aimais, tu l’aimais tellement, et c’était réciproque. C’était grand, c’était beau, envers et contre tout. Ce n’était pas facile, ce n’était pas évident,
Mais c’était juste.
C’était vrai.
C’était vous.

Tu restes silencieux un moment, tandis qu’il te regarde toujours tu finis par détourner le regard. Moi aussi je t’aime. Tu voudrais lui dire, mais rien n’avait changé. Vous vous étiez disputés pour des raisons importantes, et tu n’étais pas venu avec les réponses qu’il attendait. Tu finis de le soigner, la tête pleine, les pensées éparses, et le coeur lourd. Tu voudrais reculer, mais le maknae prend ta main délicatement et tu le laisses faire. Tu baisses les yeux sur lui, les iris encore légèrement fuyantes, « Soyoun… » Et il reprend la parole avant que tu puisses ajouter autre chose. Tu le laisses jouer avec tes doigts, tu sais qu’il est nerveux, en réalité tu l’es aussi. Et pendant un instant tu crois qu’il va pleurer, alors tu te mets à son niveau, cherchant son regard. « Soyoun, je… » Tu cherches tes mots, tu mors ta lèvre. « Bien sûr que je veux de toi, ça n’a jamais été le problème… Je t’aime aussi, je t’aime tellement. »

Mais peut-être que je ne te suffirais pas, que je ne pourrais jamais t’offrir tout ce que tu mérites.

« J’ai peur que ça ne suffise pas au final… » Tu lui avoues avec toute la sincérité que tu pouvais lui donner. « J’ai peur qu’on arrive encore et toujours à cette même discussion… J’ai pas envie que tu passes ton temps à prendre sur toi à cause de moi, c’est pas une vie babe… » Et chacun de tes mots t’arrache le coeur. « J’ai pas envie de te tirer vers le bas ou de t’empêcher de faire les choses que tu veux… Je veux pas être ce Jihan là pour toi. Je veux te rendre heureux, je ne veux pas que tu sois constamment en train de prendre sur toi… » Et tu n’avais pas vraiment de solution à lui offrir non plus, « Tu m’as tellement manqué, je pense tout le temps à toi, je n’imagine rien sans toi. » Tu lui souffles doucement, il n’y a que lui qui pouvait l’entendre. « Excuse-moi, je me suis énervé la dernière fois. » En allusion à votre dispute dans les vestiaires.  

L'attente de sa réponse est la chose la plus stressante que tu es vécu de la journée. Tu veux reprendre votre relation là où elle s'est arrêtée. Malgré votre dispute, et la raison de pourquoi tu as fait cette pause. Ce n'est pas anodin comme situation, mais tu sais qu'à vous deux, vous pouvez aller au-delà des obstacles. De garder cet espoir et cet amour intact. Avec tendresse, tu le regardes finir de te soigner le visage, un peu surpris par les mots qu'il choisit de dire. Car il y a un mais. Un mais, qu'il n'ose pas te dire tout de suite. Il laisse le suspens traîner, et tu te mordilles nerveusement les lèvres. Il t'aime. C'est déjà bien. Mais quoi d'autre ? Qu'il ne peut pas continuer ainsi, et ne pas te laisser prendre sur toi. La façon dont tu l'as dit paraît certes désespéré. Cependant, ça te fait de la peine. Tu ne veux pas en finir là, en sachant qu'ils vous restent beaucoup de chose à faire et à vivre ensemble. Tu secoues alors la tête à chacune de ses phrases. Et tu te redresse lentement sur tes jambes, pour lui faire face. A sa hauteur. Tu n'as pas envie qu'il continue dans son discours. Alors sans crier gare, tu viens agripper sa taille et l'attirer contre toi, déposant tes lèvres sur les siennes. Tu l'embrasse, avec douceur et amour. Durant quelques secondes seulement, un échange qui te fait du bien et qui t'a tant manqué. « Tais-toi Jihan... Je n'ai juste pas envie de te quitter. Je peux pas vivre sans toi. Je ne peux pas... Je pense aussi beaucoup à toi. Je n'ai fait que ça ces derniers temps. A me dire que j'ai failli tout gâché à cause de ma bêtise. Alors... Il n'y a plus de pause. Tu me rends heureux. Plus que tu ne le crois. Il faut juste que je prenne le temps de travailler sur ma confiance en moi. » Et c'est bien pour ça que tu as décidé de prendre prochainement des rendez-vous chez un psychiatre. Il faudra cependant en parler au médecin, et déjà lui en parler à lui. A Jihan. Tu ne souhaites pas lui cacher des choses et qu'il l'apprenne par la bouche de quelqu'un d'autre. « Reste avec moi aujourd'hui, s'il te plaît. »

Avant qu'il ne dise quoi que ce soit, tu viens le dévêtir de sa veste, déposant cette dernière sur le dossier d'une chaise du salon. Tu laisses Jihan faire comme chez lui, lui souriant tout doucement. « Je reviens. » tu dis sans rien dire de plus, grimpant les escaliers pour aller à l'étage. Direction ta chambre. Légèrement nerveux, tu viens ouvrir le tiroir de ta table de chevet et y sort un petit écrin de couleur crème. Il est temps pour toi de prendre ton courage à deux mains. Chose difficile sachant ce que tu vas lui demander. Mais bon... Tu le veux absolument. Un jour où l'autre c'aurait fini par arriver. Tu ranges la petite boîte dans ta poche, puis tu redescend en frottant tes cheveux, a la recherche de ton aimé. Tu devrais aussi lui proposer à boire ou à manger. Quel con... T'es vraiment qu'un idiot.

Tout doucement, tu viens tapoter son épaule et le regarder fixement. « Tu... Tu veux peut-être quelque chose ? Une boisson ? Des petits gâteaux ? » Vu l'heure, ce n'est pas le moment de faire un gros repas. Autant garder de la place dans votre ventre pour ce soir. Un petit goûter ne ferait pas de mal. Il doit sûrement te rester quelques cookies que tu as fait ce matin, avant que ton frère n'aille au travail. Tu viens donc tout préparer, posant une assiette sur la table et des verres avec, puis déposer les cookies dessus. Tu essaies de ne pas paraître nerveux, même si tes gestes maladroits te trahissent un peu. Tu l'invites donc à s'asseoir en premier, et fait de même, humidifiant tes lèvres tout en prenant le temps de chercher tes mots. « Comme je te l'ai dit, je ne peux pas vivre sans toi. Et... Toi non plus. Alors... Faisons-nous une promesse. » Tu attrapes l'une de ses mains, et le regarde amoureusement. « Quand on le pourra... Vivons ensemble. » Tu ne quittes pas son regard. Espère qu'il puisse comprendre tes mots comme tu le souhaites. Tu n'attends pourtant pas longtemps, et sort ton petit écrin que tu tend vers ton aimé. Lorsque tu l'ouvres, une chevalière apparaît. Une chevalière en argent, parsemé de rubis. Pierres précieuses prouvant la passion et la loyauté que tu as envers lui. Les joues légèrement rougies, tu as l'impression d'être le plus niais du monde en ce moment. « Jihan. Veux-tu être mon homme ? » Une demande en mariage ? Oui. Même si vous ne vous marierez sûrement pas avant un bon moment, tu voulais montrer que tu es prêt à t'engager avec lui. Votre amour est plus fort que tout. Il sera ainsi ton fiancé, secrètement, et vous pourrez enfin sceller vos destins ensemble.